Logistique et transport : les tendances et innovations pour 2017
Du 14 au 16 mars a eu lieu la Semaine internationale du Transport et de la Logistique (SITL), rendez-vous annuel réunissant l’ensemble des services innovants dédiés au transport. Alain Bagnaud, Directeur général du pôle transport et logistique de Reed Exhibitions France revient pour Realease Capital sur les grandes tendances du secteur récompensées par le « Prix de l’innovation logistique », à l’occasion de cette 17e édition.
REALEASE Capital : L’édition 2017 de la SITL s’est volontairement placée cette année sous le signe de la distribution urbaine, de l’automatisation et de la digitalisation. Quelles sont selon vous les grandes tendances qui se sont implantées pour durer dans le secteur de la logistique?
Alain Bagnaud : La logistique, aujourd’hui, c’est avant tout de la gestion de flux d’information. La transformation digitale des entreprises de transport et de tous les acteurs de la logistique, présente depuis quelque temps déjà, est de ce fait devenue une tendance majeure. Cette transformation digitale, les prestataires logistiques l’ont intégrée depuis très longtemps. Beaucoup entreprises ont appliqué le concept par nécessité, parce qu’aujourd’hui vous ne pouvez pas être acteur du transport de la logistique si vous n’êtes pas connecté avec tous les autres acteurs qui rentrent dans cette chaîne. Vous ne pouvez pas être un maillon tout seul, indépendant des autres.
Peut-on donc dire que le secteur des transport et de la logistique est précurseur dans le domaine de la transformation digitale des entreprises ? Ou en est-il par rapport à sa transformation numérique?
Je pense qu’il y a encore des domaines de progression, toutes les entreprises ne sont pas au même niveau d’intégration d’outils, de technologies et de systèmes d’informations. Mais quoi qu’il en soit, la maîtrise de l’information est la pierre angulaire, la base même d’une organisation logistique. Les prestataires logistiques l’ont compris depuis très longtemps. Ce n’est pas nouveau mais il y a encore des progrès à faire. Il y a encore des opportunités de développement, des entreprises qui sont équipées mais qui pourraient aller encore un peu plus loin pour qu’il y ait un partage total de l’information entre tous les acteurs de la chaîne.
la transformation digitale des entreprises de transport et de tous les acteurs de la logistique est aujourd’hui une tendance majeure
Dans le palmarès du prix de l’innovation [Voir en pied d’article NDLR], vous avez distingué une entreprise proposant une solution logistique facilitant les opérations de manutention et de livraison dans les villes. En quoi les problématiques urbaines représentent-elles un défi pour le secteur de la logistique et des transports dans les années à venir ?
La logistique urbaine est l’un des grands domaine de réflexion pour les années à venir. Et attention, lorsque l’on évoque ce type de logistique, il ne s’agit pas simplement des véhicules qui vont livrer tel ou tel magasin ou consommateur. En arrière plan, il y a tout un ensemble de paramètres: cela va de l’urbanisme, à la réglementation en passant par les contraintes liées au contexte de pollution atmosphérique comme sonore. L’une des grande problématique du secteur des transports va être la suivante : comment fait-on vivre une organisation logistique, dans une ville ou un territoire qui n’est pas conçu à l’origine pour recevoir autant de flux physiques?
Oui, comment ?
Cela reste un chantier majeur dans lequel beaucoup de start-up se sont développées. Notamment dans la livraison au dernier kilomètre mais aussi dans le développement de points relais pour déposer des marchandises, l’organisation de consigne… Une fois de plus, la digitalisation et la gestion d’information est vraiment fondamentale car l’optimisation d’une logistique en zone urbaine ne peut se réaliser que par une maîtrise totale et une transparence de l’information. Toute la chaîne concernée par cette livraison urbaine jusqu’à celui qui livre en vélo doit disposer de l’information en temps réel sur les points de livraison, qu’il soit délocalisé, ou pas.
Qu’en est-il de l’aspect écologique ? Certaines innovations récompensées lors du SITL 2017 visent à optimiser les coûts tout en réduisant l’empreinte carbone…
L’aspect écologique a aussi été pris en compte par tous les acteurs de ce marché, notamment tous les transporteurs et les constructeurs de véhicule. Ce qui a amené des constructeurs à proposer des motorisations de plus en plus propres et y compris pour des grands gabarit. En arrière plan il y a la nécessité de réduire ses émissions polluantes et bien évidemment des raisons de baisse de consommation. Et puis il y a la demande des clients, industriels, distributeurs, qui ont tous intégré des plans de responsabilité sociale de l’entreprise et de réduction des émissions polluantes, y compris pour leurs prestataires. Du côté des innovations, depuis deux ans, on voit également apparaître une énergie qui va fortement se développer dans les années à venir pour les gros véhicules : le gaz naturel. Je pense qu’il va prendre une place importante pour les choix d’énergie des entreprises de transports.
©SITL 2017
L’année dernière une nouvelle catégorie de prix destiné aux start-up a été créée, le SITL start Up contest. En quoi ces petites entreprises innovantes influencent-elles le secteur de la logistique et des transport ?
Dans le cas du secteur logistique, les start-ups sont présentes dans le domaine des technologies et des systèmes d’informations. Elles proposent une dimension collaborative […] qui s’applique bien dans le cadre de plate-forme de mise en relation et de mutualisation sur les disponibilités de transport, de stockage, etc. Cela fait partie intégrante de la réflexion de ces starts-up dans le transport: mutualiser mais mutualiser grâce à des outils informatiques puissants.
L’optimisation d’une logistique en zone urbaine ne peut se réaliser que par une maîtrise totale et une transparence de l’information
Pensez-vous que les sociétés du secteur logistique soient toujours bien armées pour s’adapter aux évolutions technologiques de leurs équipements?A quelles difficultés sont-elles confrontées ?
Il y a un aspect très important dans ce secteur du transport de la logistique, c’est la formation et la qualification des collaborateurs dans les entreprises. Nous avons assisté à une évolution forte du niveau de qualification et d’études de ces responsables. Cela s’observe au niveau des profil des Supply chain Manager. Ce sont des postes qui engagent beaucoup de modélisation, et donc nécessitent une vision à la fois très opérationnelle ainsi qu’une capacité à intégrer de multiples dimensions pour mettre en œuvre des organisations plus efficaces. On assiste à une forte poussée des niveaux de qualification sur ces poste. S’il y a un domaine sur lequel il y a encore de gros progrès à faire c’est celui-ci, et sur celui de la formation.
STIL Start Up Contest © STIL 2017
Qu’en est-il du rapport au matériel ? Est-ce que le concept d’économie de l’usage, se développe aussi dans le secteur logistique? Les entreprises commencent-elles à se dire qu’il n’est n’est pas forcément nécessaire de posséder le matériel?
Bien-sur. Le service qui est attendu par le client c’est que son produit arrive au bon moment, dans de bonnes conditions et avec des coûts maîtrisés. Que le prestataire possède ou pas ses véhicules, ses zones de stockage, ou tout autre matériel, importe peu, au final. Le prestataire a un service à rendre qui n’est pas lié à la possession des moyens de production. Cela s’observe déjà beaucoup sur la partie véhicule industriel car aujourd’hui, de nombreuses entreprises font de la location et ne sont plus propriétaire de leur véhicule. On observe aussi le phénomène sur les zones de stockage parce que pour faire face à des conditions de marché changeantes, pouvoir adapter son outil de production est fondamental. Ce qui intéresse, c’est en priorité la qualité du produit et sa productivité.
Palmarès du 17ème Prix de l’Innovation Logistique – SITL PARIS 2017 –
Rendez-vous annuel des multiples acteurs du transports, la 17e édition du SITL a aussi été l’occasion de décerner « Le prix de l’innovation logistique», excellent instantané permettant de mieux cerner les évolutions et nouveautés à venir dans ce secteur dynamique par essence.
Composés de directeurs supply chain, logistiques et achats ainsi que de professeurs d’université, les 17 membres du jury SITL Paris 2017 ont eu à départager l44 dossiers en compétition. En voici le palmarès détaillé :
Prix de la meilleure innovation Intralogistique :
- GETRA pour sa nouvelle filmeuse orbitrale GETRA Aréa Cricket. Solution de banderolage avec film étirable écologique et économique, sa polyvalence permet d’empaqueter tous les produits sans recourir à des tunnels thermiques à 200°C pour rétracter le film.
Prix de la meilleure innovation Technologies et Systèmes d’information
- PTV Group pour sa solution PTV Arrival Board propose en effet de reprendre la main sur la maîtrise des plannings et la gestion des ressources affectées aux quais de réception grâce à l’affichage des véhicules attendus avec l’indication de leur heure estimée d’arrivée (ETA), actualisée en temps réel.
Prix de la meilleure innovation Équipement de Transport
- Libner pour son innovation BIL LIFT qui facilite le transfert de marchandises à l’aide d’un transpalette simple ou électrique ou d’une Base Intelligente Logistique électrique.
Prix de la meilleure innovation Service Transport et Logistique
- Wing avec sa nouvelle prestation ShipFromStore. A l’attention des enseignes du retail, elle consiste à digitaliser leurs points de vente en collectant les produits vendus sur leur site web directement dans le magasin disposant de stock.
Meilleure innovation dans le cadre du Start-up Contest
- Ledgys qui procure un système simple de certification des échanges au sein d’une chaîne logistique grâce à la technologie Blockchain. Il permet ainsi d’obtenir un horodatage certifié de tous les flux sans possibilité de falsification. Ces flux certifiés offrent une traçabilité complète à forte valeur probatoire.
Prix « live » Méga-Démonstrateur
Pickeos avec son système de guidage lumineux de type Pick-to-Light, très économique, à base de rubans de LED et conçu pour équiper des grandes surfaces de stockage.