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« L’hémodialyse à domicile doit devenir la première option de soins » – Julien Dolivet, CEO de Physidia

Depuis plus quinze ans, Physidia conçoit et fabrique en France le S³, un moniteur portable d’hémodialyse qui permet aux patients d’être traités à domicile, en autonomie ou en dialyse assistée. À l’heure où la France cherche à désengorger les centres de dialyse et à améliorer la qualité de vie des patients, ce dispositif interpelle par sa simplicité et ses résultats cliniques. Realease medical a rencontré Julien Dolivet, CEO de Physidia, pour évoquer l’hémodialyse à domicile, ses bénéfices, ses freins en France et l’apport de la location financière. Interview.

Julien Dolivet, CEO de Physidia

Realease medical : Comment est née Physidia et avec quelle ambition ?

Julien Dolivet : Physidia est née dans les années 2000 de la rencontre de cinq personnes : un inventeur, un ingénieur, un médecin, et d’autres compétences complémentaires. Leur objectif était clair : ramener à la maison une solution d’hémodialyse simple, sûre et utilisable par un non-professionnel, pour permettre aux patients de se traiter quotidiennement, dans de meilleures conditions. Cette démarche a abouti à la création de Physidia en 2011 et au développement du S³, un moniteur conçu spécifiquement pour l’hémodialyse à domicile.

Realease medical : Qu’est-ce qui rend le S³ unique par rapport aux machines classiques ?

Julien Dolivet : Ce qui nous distingue, c’est la simplicité d’utilisation et la portabilité.
Les machines utilisées en centre de dialyse peuvent être installées au domicile, mais elles sont volumineuses, techniques, reliées à un générateur de dialysat et nécessitent de manipuler l’eau et un système de traitement complexe. Le S³, lui, fonctionne avec des poches de dialysat prêts à l’usage, ce qui évite toute manipulation de l’eau. L’interface est intuitive et pensée pour un patient non professionnel. Au niveau mondial, seuls deux acteurs disposent d’une solution portable et véritablement adaptée au domicile : nous en faisons partie.

Realease medical : Quels sont les bénéfices cliniques de l’hémodialyse à domicile et de la dialyse plus fréquente ?

Julien Dolivet : Le domicile permet d’augmenter la fréquence des séances, qui est la clé.
En centre, un patient se dialyse trois fois par semaine, pendant quatre heures. Entre deux séances, il accumule toxines et excès d’eau. À domicile, il peut se dialyser 5 à 6 fois par semaine, avec des séances plus courtes. Cela rapproche le traitement du fonctionnement naturel des reins. Les bénéfices sont démontrés :
 – meilleure stabilité cardiovasculaire,
 – récupération plus rapide,
 – moins de complications,
 – meilleure nutrition,
 – qualité de vie largement améliorée (mobilité, autonomie, possibilité de voyager).

Nous avons plus de 1,4 million de séances effectuées depuis 2013, en toute sécurité.

Realease medical : Comment se déroule la formation des patients et la sécurisation des séances à domicile ?

Julien Dolivet : Les patients ne sont pas formés par Physidia mais par les professionnels de santé de leur centre de dialyse. Nous formons quant à nous les infirmiers, qui transmettent ensuite leur savoir-faire aux patients. La formation dure de 15 jours à 5 ou 6 semaines, selon le profil du malade. La difficulté ne se situe pas sur la machine (très intuitive) mais sur les aspects autour : préparation du matériel, ponction, gestion des alarmes. Le S³ intègre des centaines d’alertes qui sécurisent automatiquement l’ensemble de la séance. En cas d’incident, le moniteur s’arrête et le patient n’est jamais exposé à un risque.

Realease medical : Vous revendiquez une fabrication Made in France. Qu’apporte-t-elle ?

Julien Dolivet : L’assemblage en France est un avantage, mais le vrai sujet, c’est l’ingénierie française. Nous avons des ingénieurs capables de concevoir des solutions brevetables, innovantes, fiables. Le S³ est l’une des deux seules machines au monde capables d’assurer une hémodialyse portable à domicile, en toute sécurité. C’est un savoir-faire français dont nous sommes extrêmement fiers.

Realease medical : Pourquoi, selon vous, la dialyse à domicile reste-t-elle peu utilisée en France ?

Julien Dolivet : Plusieurs rapports, dont celui de la Cour des comptes (2024), pointent les mêmes causes :
 – manque de formation des professionnels de santé,
 – information insuffisante donnée aux patients sur les possibilités de dialyse,
 – un modèle d’organisation qui continue de privilégier le centre. J’ai rencontré un patient qui a découvert l’existence du domicile… par hasard, en vacances. Il m’a dit : « J’ai perdu quatre ans de ma vie ».  Il n’en avait jamais entendu parler dans son centre. Nous avons aussi des centres remplis, mais on continue de créer de nouvelles unités alors que le domicile pourrait éviter la construction de nouveaux centres.

Realease medical : Que faudrait-il pour accélérer l’adoption de l’hémodialyse à domicile ?

Julien Dolivet : Il faut une volonté politique claire. D’autres pays ont mis en place des mécanismes incitatifs très efficaces :
 – Belgique : obligation pour les centres d’avoir un pourcentage de patients à domicile, sous peine de baisse de remboursement.
Allemagne : hausse des remboursements pour le domicile.
Arabie Saoudite : forfaits spécifiques pour la dialyse assistée.

De notre côté, nous avons conduit une étude médico-économique :
 → coût global inférieur de 15 % par rapport au centre (en tenant compte notamment du transport, qui pèse 20 à 25 % du coût total),
 → 5,5 fois moins de mortalité dans les données analysées. Pour améliorer la qualité de vie, il n’existe pas de meilleur indicateur que celui-là.

Realease medical : Quel rôle peut jouer la location financière proposée par Realease medical dans l’accès à ce type d’équipement ?

Julien Dolivet : Un moniteur coûte plus de 20 000 euros. C’est un investissement lourd pour un établissement. Or, la machine est utilisée 5 à 6 fois par semaine pendant environ 7 ans, ce qui en réduit considérablement le coût par séance. La location financière permet :
 – d’éviter un décaissement important,
 – d’aligner les loyers sur les remboursements mensuels,
 – de faciliter l’équipement des établissements et l’ouverture de programmes de domicile. Concrètement, c’est un levier majeur pour accélérer le déploiement de l’hémodialyse à domicile.

Realease medical : Un dernier point à ajouter ?

Julien Dolivet : La loi en préparation va dans le bon sens : davantage de domicile, d’autonomie, de formation et d’information. Mais un élément manque encore : la reconnaissance de la fréquence comme critère essentiel. Si la dialyse à domicile se limite à reproduire le rythme du centre (trois séances par semaine) on perd tout l’intérêt du domicile, qui est précisément de permettre des séances plus courtes mais plus fréquentes.

Pour aller plus loin :
Dialyse à domicile : une révolution discrète qui redonne du pouvoir aux patients

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