À mesure que les tensions géopolitiques s’accentuent, la France relance son industrie de défense. Derrière l’ambition politique incarnée par la loi de programmation militaire 2024-2030, c’est une véritable course industrielle qui s’engage. Pour y répondre, les entreprises de la base industrielle et technologique de défense (BITD) doivent investir massivement – mais sans se fragiliser. Dans ce paysage en recomposition, la location financière apparaît comme un levier de réponse directe, agile et structurant.
1. Une ambition stratégique sous contrainte industrielle
L’onde de choc provoquée par la guerre en Ukraine a réveillé brutalement l’Europe de la défense. En France, la réponse a été immédiate : dès 2022, Emmanuel Macron a appelé à un réarmement massif, non seulement des capacités militaires, mais aussi de l’outil industriel. Une ambition concrétisée par la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, qui consacre 413,3 milliards d’euros aux armées sur sept ans, dont 268 milliards d’euros pour les équipements. Une hausse inédite de 40 % par rapport à la précédente LPM.
Mais pour transformer ces crédits en livraisons effectives, encore faut-il produire. Et produire vite. C’est tout le défi de la base industrielle et technologique de défense (BITD) française, composée de neuf grands groupes d’envergure mondiale (Dassault, Thales, Safran…), mais surtout d’un réseau de 4 500 PME, ETI et start-ups, réparties sur le territoire et représentant 220 000 emplois directs et indirects.
2. Le choc de la demande : une filière en surchauffe
La demande explose. De la fabrication de munitions aux systèmes embarqués, en passant par les équipements de guerre électronique, les blindés ou la cybersécurité, toute la chaîne industrielle est sous tension. Les carnets de commande devraient augmenter de 17,5 milliards d’euros d’ici 2030, selon les projections du ministère de l’Économie.
Mais cette accélération suppose des investissements lourds : entre 5 et 7 milliards d’euros de financements nouveaux sont à mobiliser, dont 1 à 3 milliards de fonds propres. Or, les entreprises du secteur, notamment les PME et ETI, rencontrent des obstacles persistants. Comme le rappelle Bercy : « Les industriels de la défense, en particulier les PME et ETI, signalent, depuis 2020, des difficultés de financement en raison d’une faible présence des fonds d’investissement dans le secteur de la défense, une moindre rentabilité des entreprises de la BITD et un niveau d’endettement élevé. »
Ce triple verrou freine les ambitions et menace la montée en cadence. L’urgence est donc de trouver des voies de financement alternatives, immédiates et pilotables.
3. La location financière : solution d’agilité industrielle
Dans ce contexte, la location financière proposée par Realease capital, apparaît comme une réponse opérationnelle et structurante. En permettant aux entreprises de s’équiper rapidement sans mobiliser de lourds fonds propres ni recourir à l’endettement classique, elle transforme un blocage en solution.
Les entreprises peuvent ainsi intégrer des machines-outils, lignes robotisées, bancs d’essai ou flottes de véhicules sans immobiliser de capital, avec des loyers mensualisés et souvent accompagnés de services associés (maintenance, renouvellement, adaptabilité). Résultat : un investissement maîtrisé, modulable et compatible avec les fluctuations de la demande.
Dans un contexte où le temps industriel est un facteur de souveraineté, cette souplesse représente un avantage concurrentiel majeur.
4. Mobilisation (tardive) du secteur financier
Longtemps absents des débats, les acteurs financiers commencent à être associés à l’effort de défense. Le 19 mars dernier, Bercy a organisé une réunion de place inédite réunissant ministres, industriels, banquiers, assureurs et investisseurs. L’objectif : mobiliser les financements nécessaires à la montée en puissance de la BITD.
La Fédération bancaire française a indiqué que les six grands groupes bancaires français (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE, Banque Postale…) apportent 40 milliards d’euros de crédits au secteur, auxquels s’ajoutent 12 milliards d’euros de prêts aux acheteurs de matériel militaire.
Du côté des assurances, la mobilisation est plus prudente. Les grandes compagnies assurent aujourd’hui 20 milliards d’euros de couverture des activités liées à la défense. Mais elles avancent avec précaution. Le sujet reste sensible, notamment à cause des normes ESG (Environnement, Social, Gouvernance) qui restreignent leur capacité à investir ou couvrir certains projets militaires.
5. Vers une finance de guerre… compatible avec l’ESG ?
Ce dilemme est au cœur des discussions actuelles. Comme le souligne un document du ministère de l’Économie : « Pour augmenter les capacités de production, l’État va améliorer le financement de la BITD en renforçant les dispositifs publics, en accroissant la capacité des investisseurs à se positionner sur la défense et en permettant aux Français d’orienter leur épargne vers les entreprises stratégiques. »
Concrètement, cela passe par :
- Le réabondement de Definvest et du Fonds Innovation Défense ;
- La création d’un fonds de capital-investissement « Bpifrance Défense » (450 millions d’euros ciblés) ouvert aux particuliers dès 500 euros via l’assurance-vie ;
- Le lancement d’unités de compte spécialisées dans les PER (plans épargne retraite) et les assurances-vie pour orienter l’épargne vers la défense ;
- La révision de la doctrine ESG de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) et la volonté d’assouplir les règles d’investissement de la Banque européenne d’investissement (BEI) dans les projets de défense.
Dans cet environnement en recomposition, la location financière joue un rôle pivot, en complément des financements bancaires et publics. Elle accélère les décisions d’investissement, évite l’endettement, et s’adapte aux pics de charge sans compromettre l’équilibre des entreprises. Elle devient un vecteur de réindustrialisation rapide, notamment pour les sous-traitants de rang 2 et 3, souvent hors radar des grands dispositifs, mais essentiels à la chaîne logistique militaire.
6. Une dynamique française appelée à s’inscrire dans une ambition européenne
Loin de se limiter à un enjeu national, le réarmement industriel français s’inscrit dans une dynamique continentale plus large. En mars 2025, les chefs d’État de l’Union européenne ont validé un plan “Réarmer l’Europe” de 800 milliards d’euros, destiné à relancer l’industrie de défense européenne, aujourd’hui encore trop dépendante des États-Unis (63 % des achats de matériel entre 2022 et 2023).
L’objectif : mutualiser les capacités de production, réduire la fragmentation industrielle, et rapprocher les besoins des États membres. La Commission européenne pousse à l’émergence de consortiums communs, à la convergence des standards, et à un réinvestissement dans l’innovation via le Fonds européen de la défense.
Dans cette perspective, la location financière pourrait jouer un rôle transfrontalier structurant, en facilitant les projets partagés, en accompagnant les entreprises innovantes et en permettant à la chaîne de valeur européenne de gagner en agilité.
Dans les mois à venir, la réussite du réarmement ne dépendra pas uniquement de la hauteur des budgets votés, mais de la fluidité des outils permettant leur transformation en capacités concrètes. Accélérer la production, moderniser les équipements, renforcer les synergies européennes : autant de défis auxquels la location financière apporte une réponse concrète, immédiate et adaptable.
Elle n’est plus un levier secondaire, mais un outil stratégique au service de la souveraineté, à l’échelle de la France comme de l’Union européenne. Une solution à la fois silencieuse et décisive, au cœur du réarmement industriel du XXIe siècle.