Santé : Les technologies au service des soignants


Technologies dans la santé

La crise du COVID-19 a exacerbé la pénurie d’infirmiers et mis en lumière la nécessité de revoir les conditions de travail dans le secteur sanitaire. Aujourd’hui, les laboratoires de recherche et développement rivalisent d’ingéniosité pour créer des technologies visant à améliorer la qualité de vie au travail du personnel soignant. Sabrina Schmitt, Directrice Générale Déléguée, Responsable du marché REALEASE Medical, filiale santé du groupe REALEASE Capital, revient sur ces équipements qui optimisent l’efficacité des soins et réduisent la pénibilité du métier des professionnels de santé. Interview.

REALEASE Capital : Comment la crise du COVID-19 a-t-elle aggravé la pénurie d’infirmiers et accentué le besoin de repenser les conditions de travail dans le secteur sanitaire ?

Sabrina Schmitt : Le secteur sanitaire fait face à une pénurie de personnel soignant depuis la pandémie, particulièrement d’infirmiers. Le défi majeur réside non seulement dans le recrutement de nouveaux professionnels, mais également dans le maintien des équipes déjà en poste. Les conditions de travail ardues, exacerbées pendant la période du COVID-19, ont conduit à un taux élevé de burnout parmi les professionnels de santé.

En conséquence, de nombreux infirmiers, épuisés émotionnellement et physiquement, ont choisi de quitter le secteur médico-social pour explorer d’autres horizons professionnels. Cette situation souligne l’urgence de repenser et d’améliorer les conditions de travail dans ce secteur.

REALEASE Capital : Comment la technologie améliore-t-elle la qualité de vie au travail des professionnels de santé ?

Sabrina Schmitt : Bien sûr, je vais donner quelques exemples concrets. REALEASE Medical, filiale Santé du groupe REALEASE Capital, société de location financière d’actifs technologiques, travaille avec des partenaires spécialisés dans la fabrication d’équipements médicaux, y compris des sociétés spécialisées dans l’environnement patients qui fabriquent des lits et matelas médicalisés. Un de ses partenaires lance actuellement un matelas innovant.

Ce produit intègre de l’intelligence embarquée, il peut monitorer le patient, et prévenir le personnel en cas de besoin, il intègre également, une fonction d’inclinaison assistée. Grâce à cette innovation, un côté du matelas se soulève pour aider à retourner le patient de manière facilitée et sécurisée. Sans cette technologie avancée, la manipulation d’un patient, en particulier si celui-ci est lourd, nécessite souvent l’intervention de deux infirmiers. Cette tâche, nécessaire pour les patients ne pouvant se lever, peut être exigeante et éprouvante pour les professionnels de santé. Ces nouveaux matelas permettent ainsi de simplifier les tâches quotidiennes et faciliter le travail des soignants.

Cette innovation ne change pas radicalement le secteur médical, mais elle offre une solution pratique, permettant aux infirmiers d’accomplir certaines tâches plus rapidement et avec moins d’effort. Enfin, cette technologie illustre parfaitement l’impact positif que des innovations ciblées peuvent avoir sur l’efficacité et le confort dans le secteur médical.

REALEASE Capital :  Comment la crise de la COVID-19 a-t-elle accéléré l’avancée des technologies dans le secteur de la santé ?

Sabrina Schmitt : Bien que la technologie ait toujours eu pour objectif de simplifier les tâches des soignants, cet effort s’est intensifié face à l’augmentation de la pénurie des professionnels de santé, amplifiée lors de la crise de la COVID-19. Avant cette pandémie, le secteur médical connaissait déjà des déficits en personnel, mais la situation actuelle est sans précédent. Aujourd’hui, les équipes de recherche et de développement, dans leur quête de répondre efficacement aux besoins changeants du secteur, s’orientent vers des solutions technologiques toujours plus avancées.

Reprenons l’exemple des matelas : autrefois inertes, en mousse ou à air, ils sont aujourd’hui dotés de fonctionnalités avancées. Ils peuvent surveiller les constantes vitales du patient comme le pouls ou le taux d’oxygène, et même alerter le personnel en cas de nécessité d’ajustements de position. Certaines entreprises développent également des AGV (véhicule à guidage automatique), des robots autonomes conçus pour transporter notamment des échantillons sanguins aux laboratoires. Autrefois, le personnel devait se charger de ces tâches, ce qui prenait du temps et était parfois laborieux. Désormais, grâce à ces robots, les soignants peuvent se recentrer sur leur travail principal : prodiguer des soins aux patients.

Cette fusion entre technologie et équipement médical offre une optimisation notable du processus de soin. Elle permet au personnel soignant de prioriser leurs interventions en fonction des besoins réels du patient, de limiter les déplacements superflus et garantir une assistance efficace. Finalement, ces technologies avancées enrichissent l’expérience de soin pour le patient tout en allégeant la charge de travail du personnel soignant, aboutissant à un équilibre bénéfique pour toutes les parties impliquées.

REALEASE Capital : Quels sont les facteurs qui ont contribué à la demande croissante de robots autonomes et comment les avancées technologiques ont-elles permis d’améliorer leur fonctionnalité ?

Sabrina Schmitt : Les robots autonomes, bien qu’existant depuis un certain temps, connaissent une demande croissante. Cette montée en popularité est notamment due à l’évolution technologique qui les rend désormais plus accessibles et fonctionnelles. Auparavant, la navigation autonome d’un robot nécessitait une signalisation spécifique basée sur des technologies RFID ou Bluetooth. Ces technologies avaient leurs limites, notamment dans des zones où la connectivité WiFi ou Bluetooth était absente.

Aujourd’hui, grâce aux progrès technologiques, des solutions ont été développées pour surmonter ces obstacles, notamment dans les zones dites « blanches » sans couverture WiFi. De nouvelles méthodes de guidage ont été mises en place, permettant aux robots de fonctionner efficacement même dans des environnements auparavant réputés inadaptés.

Cependant, il convient de noter que ces avancées technologiques ont un prix. Un AGV peut coûter jusqu’à 100 000 euros, et il est courant pour un établissement d’investir dans plusieurs unités. Ces investissements, bien qu’importants, peuvent s’avérer judicieux à long terme, surtout dans des contextes où le personnel est limité. En effet, en déléguant certaines tâches routinières aux robots, le personnel peut être redéployé vers des fonctions où leur expertise et leur intervention humaine apportent une valeur ajoutée significative.

REALEASE Capital :  Pourquoi le recours à la location financière est-il pertinent pour ce type d’équipements technologiques ?

Sabrina Schmitt : Les équipements médicaux à haute technologie ont souvent un coût d’investissement initial plus élevé. De plus, à cause de cette technologie intégrée, leur durée de vie tend à être plus courte. Par exemple, un matelas traditionnel peut durer jusqu’à 7, voire 10 ans. Bien que sa qualité puisse se dégrader avec le temps, il demeure utilisable. En revanche, un matelas connecté, riche en fonctionnalités technologiques, pourrait voir sa durée de vie limitée à une période de cinq ans. La rapidité de l’évolution technologique fait qu’un produit lancé aujourd’hui pourrait être surpassé par un modèle plus avancé en seulement quelques années.

Face à cette obsolescence accélérée, la location financière apparaît comme une solution privilégiée pour les établissements de santé qui souhaitent avoir des équipements plus actuels et innovants. L’acquisition de ces équipements à forte obsolescence n’a plus vraiment de sens, dans la mesure où l’établissement ne les conservera pas au-delà de la durée du financement, la location financière est bien plus à propos dans ce contexte. Elle permet ainsi à l’établissement de louer sur la durée d’usage et d’évoluer sur la nouvelle technologie au terme de la location financière.

REALEASE Capital : L’adoption de ces technologies, AGV et matelas intelligent, est-elle bien acceptée par les soignants ? 

Sabrina Schmitt : L’intégration des AGV (véhicules à guidage automatique) est généralement bien perçue par le personnel médical, car elle vise à recentrer leurs tâches sur leur cœur de métier. Au lieu qu’un infirmier transporte des échantillons sanguins au laboratoire ou sollicite un coursier pour le faire, l’AGV est désormais en charge de cette logistique. L’objectif n’est pas de substituer le robot à l’infirmier, mais plutôt de l’assister.

La présence de ces robots améliore l’efficacité opérationnelle, permettant au personnel soignant de se consacrer pleinement à leur cœur de métier. De même, les matelas intelligents n’ont pas non plus pour but de remplacer les infirmiers. Ils contribuent seulement à faciliter leur travail. Dans le contexte actuel de pénurie de soignants, ces innovations technologiques assurent une continuité et une qualité des soins, sans surcharger davantage le personnel médical.

Pour en savoir plus :
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